15 décembre 2006

La dynamique des groupes

La « dynamique des groupes » vise à comprendre les mécanismes complexes du fonctionnement des groupes pour en tirer des applications dans la vie professionnelle et quotidienne. Cette discipline nouvelle, à la frontière de la psychologie et de la sociologie, naît officiellement en 1945, avec la création, par l'américain d'origine allemande Kurt Lewin (1890-1947), du Research Center on Group Dynamics au MIT (Massachusetts Institute of Technology).

I. LE GROUPE ET LES GROUPES

A. Un nouveau champ de recherches
Un groupe ne se réduit pas à la somme des individus qui le composent. C'est un ensemble dynamique dont les performances dépendent principalement des interactions entre ses membres.

B. Où commence le groupe ?
Dans le groupe dit « primaire », chaque individu peut entrer directement en contact avec tous les autres membres du groupe.

II. L'ÉVOLUTION DU GROUPE
Le groupe traverse différentes étapes (définition, convergence, divergence, coopération), mais il peut toujours s'enliser ou exploser en cours de route.

A. Du point de vue des interrelations
Il s'agit d'atteindre et de maintenir la cohésion dans le groupe (cohésion menacée, dans la phase de divergence, par les conflits interpersonnels).
B. Du point de vue du pouvoir
La compétition entre les candidats au leadership peut entraîner le groupe dans une escalade fatale.

C. Du point de vue de la productivité
Définition des tâches, répartition des tâches et respect de l'échéancier seront les points à surveiller prioritairement.

III. LA COHÉSION DU GROUPE

A. Les facteurs de cohésion
La poursuite d'un but commun, la satisfaction de certains besoins sociaux et la force des attractions interpersonnelles renforcent la cohésion du groupe.

B. Les dangers d'une trop grande cohésion
Parmi les symptômes de la « pensée de groupe » (groupthink), on trouve le sentiment d'invulnérabilité, la fausse unanimité ou encore la dépendance vis-à-vis d'un leader charismatique.

Le site mbao ("ma boîte à outils pour booster la communication des collectivités locales") propose quelques pages intéressantes sur la dynamique des groupes.

10 décembre 2006

Comme au théâtre

À partir d'une intuition somme toute assez banale — le monde est un théâtre —, le sociologue canadien Erving Goffman (1922-1982) a développé un savoir original sur les multiples interactions à travers lesquelles les individus se reconnaissent mutuellement et en permanence comme des êtres sociaux. Attentif aux petits signes grâce auxquels nous indiquons à notre public le personnage [la personne] que nous jouons [que nous sommes], il a notamment porté son regard sur nos échanges quotidiens (La mise en scène de la vie quotidienne, 1959) ou sur les relations entre les personnes dites «normales» et les personnes dites «handicapées»(Stigmate, 1963).

I. L'ANALYSE DU QUOTIDIEN

A. Des interactions socialement déterminées
Les rapports sociaux reposent sur des simulacres : le patron interprète le rôle du patron face à un employé qui, feignant de voir en son interlocuteur un patron, joue son rôle d'employé.

B. L'exemple de la stigmatisation
C'est le stigmatisé qui porte seul la responsabilité du fonctionnement de l'interaction.

II. SOUS SON MEILLEUR VISAGE

A. La théorie des « faces »
Par sa tenue, son maintien, sa façon de parler, etc., chaque personne construit une face qui est représentation de soi sur la scène sociale.

B. Le maintien de l'ordre interactionnel
Les partenaires de l'échange doivent coopérer pour qu'aucun d'eux ne perdent la face.

III. DES ÉCHANGES FORTEMENT RITUALISÉS

A. Le cérémonial des rencontres
De la nécessité d'un «consensus temporaire» sur la distribution des rôles.

B. Les différents types de rituels
Ces rituels (d'accès, de confirmation ou de réparation) sont destinés à mettre la relation à l'abri de conflits trop coûteux.

Pour ceux que la notion de stigmate intéresserait, une longue fiche de lecture du livre de Goffman (Stigmate) peut être téléchargée au format pdf à cette adresse.

17 novembre 2006

L'analyse transactionnelle

Dérivé de l'approche systémique, le modèle transactionnel, mis au point par le docteur Éric Berne (1910-1970) dans les années 50, a connu un succès prodigieux aux États-Unis et en Europe. Il est encore abondamment utilisé, notamment dans les thérapies du changement personnel. Son originalité : analyser toute communication interpersonnelle à partir de la notion de transaction.

I. UNE THÉORIE DE LA PERSONNALITÉ

A. Les trois états du moi
La personnalité de chacun de nous est composée de trois «états du moi» : l'état du moi Parent, l'état du moi Adulte et l'état du moi Enfant.

B. Les sous-états
Les états du moi Parent et Enfant se subdivisent eux-mêmes en plusieurs sous-états : Parent Critique, Parent Nourricier, Enfant Soumis, Enfant Rebelle, Enfant Spontané.

C. Éléments pour un diagnostic
Notre attitude, nos gestes, notre voix, nos mots trahissent notre «état» du moment.

II. LES TRANSACTIONS

A. Le modèle transactionnel
La communication entre deux personnes met en jeu des transactions entre les états de leur moi respectifs au moment de l'échange.

B. Typologie des transactions
Elles peuvent être horizontales, obliques ou croisées, mais les plus pernicieuses d'entre elles sont sans doute les transactions dites «à double fond».

III. POSITIONS ET SCÉNARII DE VIE

A. Êtes-vous OK ?
La valeur qu'on prête aux autres et à soi-même déterminent quatre «positions existentielles».

B. Non, tout n'est pas joué !
Ou comment corriger des scénarios catastrophes élaborés dans la petite enfance.

Ceux qui souhaitent en savoir davantage sont invités à butiner le site de l'IFAT (Institut Français d'Analyse Transactionnelle), sur lequel ils retrouveront les principaux concepts de l'AT, ses origines, ses ouvrages fondateurs, ainsi qu'un précieux dictionnaire.

11 novembre 2006

La communication non verbale

Il y a ce que nous disons à haute et intelligible voix (communication verbale), et ce que nous «disons» silencieusement avec nos regards, nos mimiques, nos gestes, nos vêtements, etc. Comme on le devine, le champ de la communication non verbale est infiniment plus étendu que celui de la communication strictement verbale. Et ceux qui, dès les années 50, l'ont exploré viennent encore une fois d'horizons variés : psychologie, psychiatrie, anthropologie, sociologie, éthologie.

I. UN PHÉNOMÈNE COMPLEXE ET MULTIDIMENSIONNEL

A. Tout ce qui «parle» à notre place
Regards, intonations, mouvements et attitudes en disent souvent plus long que nos propres discours...

B. Les signes non verbaux
Signaux paralinguistiques ou messages du corps, ils jouent un rôle essentiel dans la communication interpersonnelle.

C. Les fonctions de la CNV
La CNV renforce ou illustre le message verbal, quand elle ne le contredit pas, tout simplement.

D. Une grammaire des gestes
Fondée par l'anthropologue américain Ray Birdwhistell en 1952, la kinésique est l'étude systématique des faits gestuels.

II. LA DIMENSION CACHÉE DE LA COMMUNICATION

A. La territorialité
Le zoologiste Desmond Morris distingue trois sortes de territoire : le territoire tribal, le territoire familial et le territoire personnel.

B. L'organisation de l'espace
Certaines configurations spatiales favorisent les contacts humains, d'autres les rendent presque improbables.

C. Un prochain plus ou moins lointain
La proxémique, inventée par Edward T. Hall, s'intéresse à l'usage que l'homme fait de l'espace en tant que moyen de communication culturellement déterminé (The Hidden Dimension, 1966).

D. Le «choc culturel»
La communication interculturelle doit intégrer les enseignements de la proxémique.

Lors d'un entretien d'embauche, tous les gestes du postulant sont passés au crible : sa démarche, son timbre de voix, sa poignée de main, les expressions de son visage, l'activité de ses jambes sous le fauteuil... Pour se préparer à l'épreuve, mieux vaut donc savoir comment se forge ce qu'on appelle la «première impression».

03 novembre 2006

L'approche systémique

Connu sous le nom d'«École de Palo Alto » (petite ville située dans la banlieue de San Francisco, en Californie), ce groupe rassemblant linguistes, anthropologues, psychiatres et sociologues, a renouvelé l'approche des relations interpersonnelles. Parmi eux : Gregory Bateson, Paul Watzlawick, Janet Beavin et Don Jackson.

I. LES RÈGLES DE LA COMMUNICATION INTERPERSONNELLE

A. Une approche pragmatique

Ou comment réussir à établir avec autrui une relation satisfaisante ou — pourquoi pas — une relation non satisfaisante...

B. La métaphore de l'orchestre
La perspective psychologique est abandonnée au profit d'une perspective interactionnelle : communiquer, c'est entrer dans l'orchestre !

C. Les axiomes de Watzlawick
Axiome 1 : On ne peut pas ne pas communiquer;
Axiome 2 : Toute communication peut s'analyser sous le double aspect du contenu et de la relation;
Axiome 3 : La nature de la relation dépend de la façon dont les partenaires ponctuent la séquence de communication;
Axiome 4 : Toute communication est ou symétrique ou complémentaire.

II. DE NOUVELLES PRATIQUES THÉRAPEUTIQUES

A. Le piège du double lien
Identifié par Bateson, ce système de communication contradictoire (exemple : «J'exige que tu me désobéisses!») piège les partenaires dans une relation pathologique.

B. Les cercles vicieux de l'interaction
Quand le système familial produit et entretient la maladie d'un de ses membres.

C. Changer les règles, pour changer le jeu
Efficace, le recours à la métacommunication, ou communication sur la communication.

Rendez-vous sur le site du magazine Psychologies, pour tout savoir sur les thérapies familiales (article de Laurence Lemoine @ Psychologies.com).

19 octobre 2006

La théorie de l'information

On la doit à un mathématicien américain travaillant dans les laboratoires de la Bell Telephone Company à la fin des années 40 : Claude Shannon.

I. POUR UNE TRANSMISSION "HAUTE FIDÉLITÉ"

A. Le schéma canonique

Cinq éléments composent la chaîne de transmission : la source d'information, le transmetteur qui «encode» le message, le canal au sein duquel le message est transporté, le récepteur qui «décode» le message et, à l'extrémité de la chaîne, le destinataire.

B. Réduire l'incertitude
Moins un message est prévisible, plus il contient d'informations.

C. Bruit et redondance
Répéter certaines choses, pour être bien entendu (= la partition de tout enseignant !)

D. Quel feed-back ?
Quand la réaction du récepteur influe sur le message de l'émetteur.

Un système autorégulé où le feed-back est assuré par un simple flotteur : la chasse d'eau (image empruntée au Principia Cybernetica Web).

II. UN MODÈLE NETTEMENT RÉDUCTEUR

A. Spécificité de la communication humaine
La théorie de l'information ne tient pas compte du sens et de l'utilité des messages.

B. Langue et code
Ambigus, nos énoncés se prêtent souvent à plusieurs lectures ou interprétations.

C. L'oubli du facteur humain
L'information n'est jamais simplement transmise, mais construite activement par les protagonistes du dialogue.

On trouvera, sous la plume de Daniel Chandler (et en anglais), une excellente critique du modèle de la communication comme transmission.

10 octobre 2006

Bienvenue dans la «communication-monde»

Nous ne sommes pas entrés seulement dans une ère de communication universelle et globalisée, mais dans une «communication-monde» (la formule est d'Armand Mattelart, auteur en 1992 d'un ouvrage éponyme) qui structure désormais l'espace social, avec ses géants, ses seigneurs et ses laissés-pour-compte.

I. GÉNÉALOGIE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE LA COMMUNICATION
Le développement des NTIC a été rendu possible par le mariage, dans la seconde moitié du XXe siècle, de trois secteurs ou territoires jusque-là indépendants les uns des autres :

A. Les médias
Historiquement attachés à la libre circulation des pensées et des opinions

B. Les télécommunications
Leur souci : acheminer les messages de façon fiable et rapide

L'invention du télégraphe optique par les frères Chappe en 1793 marque le début des télécommunications en France (toutes les précisions sont sur le site telegraphe-chappe.com).

C. L'informatique
Ou le rêve d'un automate capable de tout calculer

II. MARIAGE D'AMOUR OU DE RAISON ?

A. Des divergences profondes
Les acteurs de ces trois territoires ne partagent ni la même culture ni la même vision de la technique.

B. Quelle information ?
Journalistes, informaticiens et spécialistes des télécommunications parlent tous d'information... Mais parlent-ils bien de la même chose ?

C. Le paradigme digital
Et si le monde pouvait s'écrire en une suite de 0 et de 1...

III. LES PIÈGES DE LA SOCIÉTÉ DE COMMUNICATION

A. Du mythe...
Celui d'une humanité réconciliée par la grâce de la communication

B. ... à la réalité
Une «société fortement communicante, mais faiblement rencontrante», selon Philippe Breton

La mondialisation, c'est aussi, souligne Ignacio Ramonet dans cet article paru en octobre 2003 dans Le Monde diplomatique, « la mondialisation des médias de masse, de la communication et de l'information. » Face aux « archipouvoirs des mégagroupes médiatiques de notre temps », l'auteur appelle de ses vœux la contre-offensive d'un « cinquième pouvoir ».

Impensable, n'est-ce pas ?

Est-il un instant pensable qu'en 2006, un cours consacré aux théories de la communication n'ait pas son prolongement sur la Toile, sous la forme d'un blog où l'on pourrait trouver pêle-mêle plans de cours, bibliographie, textes, commentaires avisés et liens à suivre pour devenir plus savant ?

Ce lien, Théories de la com, placé parmi vos «favoris», vous permettra de retrouver rapidement ce blog.

Le sacrifice que nous faisons là à la mode (du blog) ne nous empêchera pas de garder la tête froide et d'appréhender l'essaimage de la communication à tous les champs de la vie sociale avec une certaine distance critique, voire avec une distance critique certaine.

26 mai 2006

Bibliographie générale

  • Francis Balle, Les Médias, coll. "Que sais-je ?", PUF, 2006
  • Francis Balle, Médias et Sociétés, Montchrestien, 12e édition, 2005
  • Daniel Bougnoux, Introduction aux sciences de la communication, coll. "Repères", La Découverte, 2004
  • Philippe Breton, La Parole manipulée, La Découverte, 2006
  • Philippe Breton, L'Utopie de la communication, La Découverte, 2006
  • Philippe Breton et Serge Proulx, L'Explosion de la communication, coll. "Manuels", La Découverte, 2006
  • Philippe Breton, L'Argumentation dans la communication, coll. "Repères", La Découverte, 2006
  • Lionel Chouchan et Jean-François Flahault, Les Relations publiques, coll. "Que sais-je ?", PUF, 2005
  • Guy Debord, La Société du spectacle, coll. "Folio", Gallimard, 1996
  • L. Demont & al., Communication des entreprises, Stratégies et pratiques, coll. "Étapes", Armand Colin, 2005
  • Robert Escarpit, L'information et la Communication, coll. HU, Hachette, 1996
  • Rémi-Pierre Heude, Guide de la communication pour l'entreprise, Maxima, 2005
  • Jürgen Habermas, Théorie de l'agir communicationnel, Fayard, 1987
  • Denis Huisman, L'Incommunication, Vrin, 2002
  • Daniel Ichbiah et Richard Sharpe, Relations presse : Comment gagner l'attention et l'affection des médias, Village mondial, 2004
  • Naomi Klein, No logo, La tyrannie des marques, J'ai Lu, 2004
  • Gérard Leclerc, La Société de communication : Une approche sociologique et critique, PUF, 1999
  • Thierry Libaert, La Communication d'entreprise, Economica, 2005
  • Thierry Libaert, Communication : La nouvelle donne, Village mondial, 2004
  • Thierry Libaert, Le Plan de communication, Définir et organiser votre stratégie de communication, Dunod, 2003
  • Éric Maigret, Sociologie de la communication et des médias, coll. U, Armand Colin, 2003
  • Armand Mattelart, Histoire de la société de l'information, coll. "Repères", La Découverte, 2006
  • Armand et Michèle Mattelart, Histoire des théories de la communication, coll. "Repères", La Découverte, 2004
  • Armand Mattelart, La mondialisation de la communication, coll. "Que sais-je ?", PUF, 2005
  • Bernard Miège, La Pensée communicationnelle, PUG, 2005
  • Stéphane Olivesi (dir.), Sciences de l'information et de la communication, Objets, savoirs, disciplines, PUG, 2006
  • Ignacio Ramonet, La Tyrannie de la communication, coll. "Folio Actuel", Gallimard, 2001
  • Al et Laura Ries, La pub est morte, Vive les RP !, Village mondial, 2003
  • Marie-Hélène Westphalen, Communicator, Le guide de la communication d'entreprise, Dunod, 4e éd., 2004